L'histoire de mai à déc. 2004 (1ère partie)

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24/11/2007

11 Hospitalisation à Mulhouse

En relisant mes notes, je me suis rendu compte que j’avais oublié un passage important, passage qui, entre autres, nous a permis de faire la connaissance de l’association « Rêves ». Le 9 septembre 2004, soit le lendemain de la cure de chimio administrée à Strasbourg, tu nous fais tout à coup une poussée de température inexpliquée. Rapidement, tu atteins les 40°C ; l’inquiétude nous envahit de plus en plus, surtout en période de chimio, tes globules blancs n’étant pas au « meilleur de leur forme ». Vers 22h, j’appelle l’hôpital de Strasbourg pour savoir quelle décision sera prise. On nous oriente sur l’hôpital de Mulhouse, le plus proche, disposant d’un service de pédiatrie (mais pas d'oncologie). Vers 23h on arrive aux urgences, on t’examine et, ne comprenant pas cette fièvre, ils décident de te garder en observation. Le problème, c’est que ce service n’est pas du tout adapté à ta pathologie. Ils décident de te mettre en chambre individuelle en bout de couloir pour ne pas être en contact avec les autres enfants pouvant être porteurs de virus. Normalement, les parents n’ont pas le droit à l’accompagnement de nuit, mais, exceptionnellement, au vu de ta pathologie, ils me permettent de rester avec toi. Je partage donc ta chambre jusqu’au 15 septembre, jour où, enfin, on te "libèrera". Je dors sur un lit de camp, que je range chaque matin pour ne pas encombrer la chambre. Ton père nous ramène dès le lendemain quelques affaires : On avait pas prévu ce séjour …

Chaque jour, on te fait des prélèvements, puis on te pose une perfusion sur le bras pour y faire passer 2 antibiotiques. On ne sait toujours pas ce qui cause cette fièvre, qui persiste à 40°. Cette fièvre disparaitra au bout de quelques jours, de la même manière qu’elle est arrivée, sans explication. On comprendra par la suite que c’était tout simplement les effets secondaires de la radiothérapie. En effet, les rayons que tu as subi ont déréglé la glande qui permet la régulation de la température du corps. Ces antibiotiques n’ont donc servi à rien, sinon qu’à charger encore le corps. Le service a été très gentil au cours de ton séjour. Comme tu n’avais pas le droit de quitter la chambre, ils ont tout fait pour te rendre la vie la plus agréable possible : Le baby-foot du service était mis devant la porte de la chambre, ils t’ont monté un circuit géant de voitures télécommandées dans la chambre, sachant ta passion pour la course automobile. Chaque jour, on t’amenait des jeux de société différents pour t’occuper. Ils faisaient tout pour être à tes petits soins. Mais nous, ce que l’on voulait avant tout, c’était rentrer à la maison.

Durant ce séjour, l’animatrice du service est venue me voir et m’a dit : "Connaissez-vous l’association « Rêves » ?" "Non, pas du tout !" Elle me raconte alors leur but, me demande si tu as un rêve et là, je lui parle de l’aviation. Elle me fait remplir un questionnaire, le renvoie très vite à l’association. Je n’y croyais pas trop mais quelle ne fût pas ma surprise quelques jours après, lorsque je reçois un coup de téléphone de la présidente de l’association. Elle m’explique le but : Réaliser les rêves des enfants atteints d’une maladie dont le pronostic vital est incertain. Rapidement, elle met tout en place et, le 8 octobre 2004, en ce jour, tu voleras. Il me faudra juste l’autorisation du prof. L de Strasbourg, indiquant que ton état permet la réalisation de ce rêve. Il nous l’accordera mais non sans difficulté. Plus tard, je demanderai au service, pourquoi on n'a jamais entendu parler de cette association en oncologie pédiatrique. J’apprendrai que le Prof. L y était opposé, il disait que ça ne servait à rien ... Qu’est-ce qu’il en sait lui ? Bien au contraire, ça raccroche à la vie, les rêves …

10 Rééducation à Mulhouse

Comme tu ne tenais toujours pas sur tes jambes, on a fini par devoir accepter que tu utilises un fauteuil roulant. Jusqu’à maintenant, c’est moi qui te portais mais là, je fatiguais. En plus, on ne pouvait aller nulle part dans ces conditions. Mais en rien, ça ne retarderait ta récupération. Bien au contraire, on avait dit « c’est provisoire, c’est juste pour t’aider dans tes déplacements ... » Bien vite, on le rendrait. D’ailleurs, je n’ai jamais accepté d’en acheter un, on l’avait en location. Le médecin rééducateur de Mulhouse a très vite voulu que je passe à l’achat d’un fauteuil évolutif. « Pas question ! » lui ai-je répondu. Mon fils remarchera, c’est mal nous connaître et mal te connaître. Acheter, c’était ABANDONNER tout espoir de remarcher un jour. Et le temps nous a donné raison, non sans difficultés, bien sûr.



La photo prise ci-dessus te montre sur ce fauteuil « rouge » comme la couleur des voitures de courses des champions. Alors, c’était devenu ta "Formule 1". On tournait tout en dérision et ça passait mieux. Ton Rollateur était « rouge » aussi, et lui, pour t’aider dans tes déplacements à l’intérieur.

23/11/2007

8 Le calvaire

Avant de continuer à parler de des différents traitements, j’aimerai revenir sur la période, ô combien difficile pour nous, de l’après opération. Cette photo a été prise à la maison le 1er juillet 2004. Tu es sur ton lit. Comme on peut le constater, nous avons dû lui mettre une barrière pour que tu ne tombes pas la nuit. Pour que tu puisses tenir assis, il fallait te caler et même ta tête ne tenait pas encore bien. Nous avions même installé une sonnette que tu gardais tout près de toi, en permanence. Nous habitons une maison à étage et ta chambre se trouve au second étage. Sans ce moyen, nous n’aurions pu t’entendre nous appeler en cas de besoin. Le récepteur se trouvait au 1er étage, là où nous passions le plus clair de notre temps. Tu n’avais toujours pas retrouver l’usage de la parole, et la communication était très difficile. Nous avions dû te remettre des couches puisque, non seulement tu ne pouvais te déplacer seul mais tu ne pouvais communiquer pour exprimer tes besoins. Je le voyais bien que tu avais du mal à l’accepter. J’avais beau t’expliquer qu’on avait pas le choix, que ce serait provisoire, tu te sentais très humilié. Oui, toi qui avait été propre très tôt … C’est inimaginable ce que tu as pu endurer à cause de cette maladie.

Pour exemple : quand tu étais à l’hôpital, je me souviens un jour où je suis arrivée très tôt le matin vers 6h00 : A peine étais-je rentrée dans le couloir du service qu’une odeur nauséabonde remplissait celui-ci. Et plus je m’approchais de ta chambre, plus l’odeur devenait forte. Inimaginable ! Ta couche était pleine, non seulement d ‘urine mais aussi de selles. Et je peux dire, sans aucune incertitude, que ça ne venait pas de se faire. Quand j’ai commencé à te déshabiller, quelle ne fût pas ma surprise de découvrir que cela avait débordé dans ton dos jusqu’au cou. C’est honteux de laisser un enfant dans cet état ! Je me souviens de ces hurlements que tu poussais pour que quelqu’un vienne et fasse quelque chose. Tu n’avais pas de problème d’incontinence, non, pas du tout, tu ne pouvais simplement pas communiquer pour exprimer tes besoins. Si je n’étais pas venu si tôt, je me demande combien de temps tu serais resté encore dans cet état ... Après t’avoir fait une grande toilette et t’avoir changé, t’avoir fait tout beau tout simplement, je suis allée directement dans le bureau des infirmières ; et là, j’ai poussé une colère comme vous ne pouvez pas l’imaginer. "C’est pas possible !" leur ai-je dit. Cela sentait dans tout le couloir, c’est impossible de ne pas s’en être aperçu et ses cris de détresse … "Vous êtes sourd ou quoi ?" Depuis ce jour, je venais très tôt le matin et partais très tard le soir, à plus de 21h. Mes journées étaient épuisantes, j’avais perdu près de 5 kg en peu de temps en sachant que je mesure 1,60m et pèse normalement 49kg. Mais il n’était pas question que je t’abandonne à ces gens sans scrupules. On n'avait pas le droit de rester la nuit mais si j’avais pu, je l’aurais fait. Je faisais tout : te donner à manger, te laver, t’habiller, te stimuler, te parler, jouer avec toi continuellement pour rebâtir ces connexions détruites par l’opération. Mais ces efforts ont payé. A force de persévérance, tu as commencé à revivre, à retrouver quelques fonctions. D’abord, tu avais droit à l’eau gélifiée puis avec le temps, on t’a réapprit à boire à la paille. Tu te nourrissais uniquement avec des aliments mixés. Peu à peu, tu as repris du poids. Il faut savoir que tu avais 5 ans et demi, tu mesurais 1,14 mètre et tu pesais plus que 16 kg. Tu es remonté à 22 kg, poids que tu n’auras jamais dépassé même à près de 9 ans. Cette maigreur me faisait peur. Ta persévérance, ton courage, ta détermination t’ont toujours servi. Voilà une période qu’on ne peut jamais oublier. Même pour toi, je sentais bien qu’elle t’avait traumatisé. Mais qui ne le serait pas ?

7 La rééducation (Mulhouse)

Et puis c’est une nouvelle étape. Du jour au lendemain, tu perds tous tes cheveux. (C’est la conséquence de la radiothérapie.) A partir de ce jour, tu ne te regarderas plus dans un miroir. Le 26 août, fin des séances de radiothérapie. Ouf ! Mais voilà, ta vision baisse, tu ne supportes plus du tout la lumière, tu dois porter en permanence des lunettes de soleil, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la maison. Je dois te mettre en permanence des gouttes dans les yeux, c’est une vraie corvée et un supplice tant pour toi que moi. Ce même jour, une neuro-psychologue te fait passer un tas de tests pour voir les conséquences de l’opération sur tes capacités intellectuelles (3 ans d’âge mental, me disent-ils !) Et puis quoi encore !!! … Tu étais épuisé, tu ne voyais pratiquement pas, tu ne pouvais pas contrôler tous tes mouvements comme tu le souhaitais. CELA NE VOULAIT RIEN DIRE, CES TESTS !

Ce même jour, on rentre enfin à la maison. Mais c’est bien loin d’être fini. Le 31 août, on a rendez-vous avec un médecin de Mulhouse qui coordonne la rééducation. Et oui, tu ne marches toujours pas, tu es toujours en fauteuil roulant et tu ne tiens pas bien assis sans cales. Il y a encore tant de choses à réparer. Et le langage, ce n’est pas ça non plus. On ne te comprend pas bien. Il faut tout réapprendre. Alors, tous les jeudis et vendredis, tu passeras la journée sur place et moi je t’attendrai toute la journée sur place. Personne n’est prévu pour te prendre en charge entre chaque séance et pour les repas. Alors je m’occupe comme je peux. Je fais la connaissance d’autres patients. (Pour la plupart, des adultes en rééducation pour des accidents de la route, ou des attaques cérébrales.) Il n’y a pas d’enfants. Nous sommes dans un service pour adultes. Rien n’est prévu pour les enfants, alors ils s’adaptent comme ils le peuvent. Ça durera jusqu’au 18 mars 2005 , jour où le SESSD prendra la relève. Cette fois, c’est toute une équipe qui sera à ta disposition à la maison. Plus besoin de se déplacer. Et là, on verra la différence et le savoir-faire …

En parallèle , tu continues la chimio, une séance par semaine à Strasbourg. Quel emploi du temps de ministre ! Puis se rajoute l’école, la maîtresse prévue de l’école viendra le mercredi matin et 2 fois par semaine de 17h à 19h après la classe. Elle viendra 3 fois par semaine pendant les vacances scolaires. Les progrès sont assez lents à Mulhouse. On se demande si vraiment on est au bon endroit. C’est là que la décision d’une autre orientation se fait sur Illzach avec une prise en charge à domicile :

6 La radiothérapie

Voilà les semaines qui passent et depuis le 17 mai 2004, tu n’es toujours pas sorti de l’hôpital. Le 1er juillet 2004, on t’accorde une permission jusqu’au 12 juillet, jour où débuteront les 63 séances de radiothérapie à Strasbourg. Pour ne pas faire les trajets tous les jours (soit 250 km aller et retour), l’hôpital propose de te garder une chambre. Nous, on logera chez nos amis, tout près.à Strasbourg en radiothérapie(août 2005)

Puis, changement de situation : le 18 juillet, le service est saturé au niveau place et on me demande de laisser la chambre, de t’emmener avec nous chez nos amis. Là, c’est la panique, tu n’es pas en grande forme mais, pas le choix. Alors je t’emmène chez eux mais, voilà qu'une complication arrive : Tu fais de la fièvre. Pourtant, je leur avait dit que tu n’allais pas bien. Et là, pas le choix, ils sont obligés de te garder. Tu ne manges plus, tu maigris à vue d’œil, tu as le moral à zéro, tu en as marre. Tu baisses les bras. Je suis obligée de jouer au chantage et je n’aime pas ça. Je me fâche … Non tu n’as pas le droit de nous lâcher. Je te l’interdis. On réussit à convaincre le médecin de te laisser sortir de l’hôpital. Il accepte après de nombreuses négociations. On peut t’emmener à condition de rester tout près. Alors on logera à Strasbourg chez nos amis. Au moins, ce n’est plus l’hôpital. Je promets de tout faire pour que tu remanges. Quelle épreuve !

Après plusieurs jours, tu commences à remonter mais ton moral n’est pas encore au beau fixe, on te couvre de cadeaux mais rien n’y fait. Ton père et ta sœur te manquent … Oui, je sais : la distance, le travail et puis ... il faut aussi s’occuper de ta sœur qui est encore à l’école. Il faut tout gérer, ce n’est pas facile. Alors le week-end, ils viendront nous rejoindre… Mais ce week-end, ton père tombe malade, il a une angine. Trop contagieux, pas possible de venir ! Ce sera pour le week-end suivant. Et là (Enfin !) on se retrouve tous les 4 et tu commences à revivre.

5 La suite de l'opération

On commence par te mettre dans une chambre, seul, et au bout de quelques jours, tu seras obligé de la partager faute de place dans le service. (C’est un comble, le confort du patient, on s’en fout !) Alors on commence à s’organiser. Très vite, je demande comment faire pour te stimuler. On me dit de te laisser tranquille mais, moi, je sais que plus on laissera le temps passer et moins tu auras les possibilités de récupérer. Alors on te stimule de toutes les façons possibles … Il faut tout te réapprendre : Reconnaître les parties de ton corps et les situer dans l’espace. On met un code en place pour communiquer qui évoluera avec le temps. Tu nous sers la main pour dire "OUI" et tu relâches la main pour dire "NON". Ensuite avec le temps, ton pouce sera vers le haut pour le "OUI", vers le bas pour le "NON" et horizontale pour "BOF !" ou "MOYEN" ; Encore avant ton départ, tu utilisais ce code quand tu n’avais plus envie de parler.

4 L'opération

Tu détestais le téléphone, il a fallu connaître l’hospitalisation pour qu’enfin, tu acceptes cet appareil. C’était le seul moyen que tu avais pour avoir des contacts avec l’extérieur. Alors, pas le choix, tu as dû te résoudre à l’utiliser et en abuser. Arrive ce jour temps attendu et tant redouté : le 25 mai 2004. Ton père choisit d’assister à la toilette du matin, à la préparation pour l’opération et t’accompagne jusqu’à l’entrée du bloc. Moi ,c’est au-dessus de mes forces. Je suis trop inquiète et je ne veux pas te transmettre mon angoisse. Alors je reste au logement et je ne viens qu’en fin de matinée à l’hôpital rejoindre ton père. Je préfère te quitter le soir la plus sereine possible même si au fond de moi c’était un déchirement. Je me demandais comment j’allais te retrouver : Passerais-tu l’opération avec succès ? L’opération aura duré plus de 7 heures, de longues heures interminables à attendre sur cette pelouse, devant l’hôpital. Puis, vers 15h30, on nous appelle sur le portable. On va pouvoir venir te voir. Tu es en réanimation dans un service où les temps de visites sont comptés (13h-19h). Et là, c’est le choc ! Tu es intubé, plein de tuyaux partout et attaché aux 4 membres. Plus rien ne fonctionne correctement ; tu ne maîtrises plus tes muscles, tu es complètement désarticulé. Tu ne vois plus, tu ne prononces que quelques mots puis, plus rien. Tu cries, tu ne comprends pas ce qui t’arrive dès qu’on t’enlève l’intubation. Tu ne reparleras plus, jusqu’au 12 juillet 2004. (Ton 1er mot sera le prénom de ta sœur : AMELIE.) On apprendra plus tard quand tu pourras de nouveau communiquer que tu voyais non seulement double mais en même temps trouble. Ils ont chahuté le cervelet et les dégâts étaient bien là. Le professeur nous disait pour nous rassurer que ça ne durerait que quelques jours mais cela a duré des mois. Après 10 jours dans ce service, on te redescend en oncologie. L’équipe est surprise comme démunie. Ils avaient emmené un petit garçon 10 jours plus tôt pour une opération et il retrouve un enfant anéanti. Les infirmières pleurent, elles sont anéanties, personne ne savait ce qui t’était arrivé. Et nous, on est effondré, que t'ont-ils fait ? Où est mon petit garçon ? On est obligé de te laisser dans la pénombre et le calme. Tu ne supportes ni la lumière, ni le bruit.

3 Arrivée à l'hôpital

Drôle de moment pour un baptême de l’air. Eh oui, même si c’était ta passion, là tu n’étais pas rassuré du tout. Après quelques minutes d’attente, un neuro-chirurgien nous reçoit pour nous expliquer ce qu'il t’arrive. Entre temps, tu auras passé une IRM pour confirmer leur crainte. Le comble, c’est dans le couloir que le médecin nous annonce que c’est une méchante tumeur, un médulloblastome. Il nous explique rapidement que tu dois être opéré en urgence, que c’est très grave. Je ne comprends pas ce qui nous arrive … Et puis, l’équipe décide, pour mettre toutes les chances de ton côté, de repousser l’opération au mardi 25 mai à 8hoo, le temps de réunir la meilleure équipe. En attendant, on te met sous corticoïdes. Tes maux de tête disparaissent, tu ne vomis plus. Tu cours, tu joues dans le service, tu fais le fou, tu es plein de vie. Certains se demandent même ce que tu fais là ! Mais il ne savent pas ce qu'il se passe à l’intérieur de ta tête. Le Docteur nous expliquera que c’est comme une pieuvre avec plein de bras et qui s'infiltre partout dans le cervelet.devant l'hôpital de Strasbourg et dans la chambre

2 Organisation pour Strasbourg

Je demande alors à l’équipe de me laisser quelques minutes pour prendre des dispositions et avertir déjà ton père. Je l’appelle sur sa ligne directe au travail. Ca sonne occupé, j’insiste et je finis par appeler le numéro de l’entreprise. C’est la secrétaire que j’ai au bout du fil. Je lui dit que je dois absolument te parler, que c’est urgent. Elle me répond que tu es en ligne avec un client, qu’elle va transmettre mon message. "Non !" lui dis-je, "Il faut qu’il raccroche tout de suite, je dois lui parler tout de suite." Elle finit par écouter et tu me rappelles. Ces minutes furent interminables. Pendant ce temps, qu’elle ne fût pas ma surprise de découvrir que l’équipe médicale t’avait déjà embarqué dans une petite pièce où l’on fait les soins pour te poser une voie au bras droit. Sans m’en avertir ! Cela ne se fait pas. En plus, sur ton bras droit ! (Tu es droitier.) Ils auraient pu faire preuve d’un peu plus de considération. Tu étais paniqué et moi aussi, tu ne comprenais pas ce qu'il t’arrivait et moi non plus. Ils ont voulu m’empêcher de rester à tes côté, mais c’est mal me connaître. Je leur ai dit que je ne te quittai plus maintenant. Au bout de 30 minutes, ton père est arrivé. On a décidé que c’est lui qui t’accompagnerait dans l’hélicoptère. Pendant ce temps, je rentrerai vite à la maison prendre quelques affaires pour nous quatre. Tu étais hospitalisé à Strasbourg, soit à 125 km de la maison et on ne savait pas à ce moment-là pour combien de temps. Tu arrives avec ton père bien avant moi. Ce trajet en voiture n’a jamais été aussi long. Un tas d’images me traversait l’esprit. Arrivés à l’hôpital, nos amis qui allaient nous loger nous attendaient sur place. Et oui, pas de maison pour les parents, et pas de place non plus dans la chambre. Les enfants sont jusqu’à 3 dans la chambre.

1 La naissance

Jeudi 24 septembre à 21hoo. C’est le jour et le moment de ton arrivée. Plus de 3 semaines d’avance. Tu voulais sortir et pourtant les jours qui suivirent montrèrent que tu n’étais pas prêt. Le sommeil, il n’y avait que ça qui comptait pour toi, je devais te réveiller sans cesse pour te nourrir. Tu ne réclamais jamais les 1ers jours. Très vite, l’inquiétude s’est fait sentir, un tas d’examens fut entrepris. Pour rien ! Au fond, tu n’étais, tout simplement, pas prêt. Trop tôt, tout simplement ... EN 1998, 1 MOIS.



Les années suivantes furent merveilleuses : Un petit garçon plein de vie, souriant, que tout le monde appréciait … Tout allait à peu près bien jusqu’à ce fameux jour où tout bascula. Ce lundi 17 mai 2004, jour que je ne pourrai jamais oublier … Mais avant d’en parler, il faut remonter quelques semaines en arrière, au mois de mars plus précisément.

Ce mois-là, j’ai essayé de t’apprendre à faire du vélo sans les roulettes. Tu étais pourtant prêt, tout était réuni pour que ça marche. Je ne saurai que 2 mois plus tard pourquoi ça ne marchait pas. Tu faisais de ton mieux mais vraiment ça ne pouvait pas marcher. Puis tu as commencé à buter alors que rien ne te gênait sur le chemin. On te disputait, « Fais donc attention !» te répétais-je sans cesse. Mais oui, tu faisais attention mais ton corps lui ne répondait plus correctement et tu n’y pouvais rien. Puis, à ces symptômes, se sont ajoutés des maux de têtes puis des vomissements. J’ai consulté à plusieurs reprises notre généraliste. En vain ! je me souviendrais toujours de son petit sourire moqueur lorsque je lui ai dit que tu devais certainement avoir quelque chose qui te gêne derrière la tête, comme une tumeur. Mais non, il persistait à dire que c’était des migraines digestives, refusait de faire tout examen. Le temps passait, ça empirait et toujours pas d’examen. Jusqu'au jour où, le 17 mai 2004, je me décide à aller aux urgences de Mulhouse. Je décris tes symptômes, j’explique toutes mes démarches médicales et après encore quelques examens, ils se décident enfin à te faire passer un scanner. Il est 12h. On est à l’hôpital depuis 9h00. On nous dit de rentrer chez nous, que certainement il n’y a rien de grave, qu’on n'aura pas les résultats avant 14h. Mais moi, je décide de rester sur Mulhouse, la maison est à 20 km et je suis certaine qu’ils vont nous annoncer une mauvaise nouvelle. Bien sûr, au fond de moi je préfèrerai avoir tord. A 15h00 on nous rappelle, il faut vite revenir à l’hôpital, ils disent avoir vu un petit quelque chose (tu parles d’un petit quelque chose !!!). A peine arrivés, une équipe te prend à part. On m’emmène dans un bureau, le médecin et une interne veulent me parler. Et voilà le moment tant redouté est là. On m’annonce que tu as une tumeur de 3,5 cm de diamètre dans le cervelet. Pire encore, un hélicoptère t’attend pour t’emmener en urgence à Strasbourg où une équipe t’attend pour prendre le relais. C’est la panique dans ma tête. Il faut avertir ton père puis tout le monde. Depuis ce matin, on n'a pas donné de nouvelles et là … 5ANS ET DEMI, PEU AVANT LA DÉCLARATION DE LA MALADIE.