42 Le verdict

Vendredi 1er juin 2007, nous reprenons la route pour Paris. Nous avons rendez-vous avec le Dr D de Garches. Nous faisons le point sur la situation de Damien : Les plaquettes sont trop basses. La chimio proposée fait plus de dégâts que de soins. Nous prenons donc la décision, en commun accord avec le médecin, de faire un pause, le temps que tu remontes naturellement. Dernière visite (Château de Versailles)

Nous passons la nuit chez ta tante à Ermenonville et restons le week-end avec eux pour que tu puisses te reposer. Le dimanche, retour en Alsace. Le lundi après-midi, tu le passeras avec ton éducatrice à la maison, à jouer. Le mercredi matin, ton instituteur viendra te faire la classe, comme d’habitude, pour te mettre à niveau. Et voilà, la fin de la semaine approche et le vendredi 8 juin, nous retournons à Paris. Nous avons rendez-vous avec l’autre oncologue (celui de la clinique dans le 15ème) qui te fait un traitement en parallèle. Il te fera la piqûre dans le pied pour la 2ème fois depuis un mois. Le samedi après-midi, soit quelques heures après l’injection, tu cours dans le jardin. Incroyable ! On se dit : "Ca y est, c’est bon, ça fonctionne !" Mais voilà, tout d’un coup, dimanche matin, on déchante. Tu as très mal à la tête. On se dit que ça doit être le traitement car on nous avait prévenu que ça pourrait donner des maux de tête. Mais, voilà, nous étions loin de nous douter de ce qui allait arriver par la suite.

Mardi matin, j’ai téléphoné à l’oncologue de la clinique de Paris. Il m’a prescrit des corticoïdes à te donner mais en quantité infime pour ne pas créer d’autres problèmes. Les jours ont passé et toujours pas d’amélioration. Tes maux de tête n’ont fait que s’accentuer. Jeudi, nous avons rendez-vous chez Dr D. à Garches. Elle t’examine, voudrait te garder quelques jours à l’hôpital car elle te trouve déshydraté. Je lui dis que tu ne fais que dormir depuis dimanche, à cause de ces maux de tête et que tu ne manges pratiquement pas. Je lui dis aussi que nous avons rendez-vous à Caen avec le Dr B. le lendemain. Elle nous laisse donc repartir en me disant de bien t’hydrater. Je m’efforce de te réveiller régulièrement pour te nourrir et te faire boire.

Le vendredi 15 juin 2007 : Jour inoubliable pour moi. Nous partons le matin, nous avons rendez-vous à 12h30. Le médecin nous reçoit dès notre arrivée. Elle t’examine, prend le temps qu’il faudra et nous faisons le point sur la situation. Elle remarque ton état d’épuisement, mais elle pense que c’est dû au traitement de chimio. « Tu es plein d’énergie !» dit-elle. Alors ça va aller mieux ! Vers 16h, on reprend la route pour Ermenonville. Et là, c’est le drame ! Trente minutes après notre départ, j’essaie de te réveiller pour te donner tes médicaments et te faire boire. Je n’y arrive pas. Puis, tout d’un coup, tu te redresses et tu dis tes propos incohérents : « 10, 26, etc. » je remarque que quelque chose « cloche » mais je ne comprends pas tout de suite. Comment aurais-je pu imaginer la suite ? Tu recraches l’eau que j’essayais en vain de te faire boire et puis tu tombes dans mes bras. Tu es inerte, je commence à m’inquiéter sérieusement. C’est Papy qui conduit et Mamie est à l’avant. Je leur dis que quelque chose ne va pas. Ils pensent que tu fais l’andouille ou que tu es juste fatigué. Mais, non ! je te connais, c’est bien plus grave. Je t’appelle à plusieurs reprises « Damien !, Damien ! », mais tu ne réponds plus. J’appelle avec mon portable le Dr. B que nous venions de quitter. Je lui explique la situation. Elle me dit qu’il faut s’arrêter sur le bas côté. Elle appelle le Samu et lui donne notre position. Cette attente sera interminable. Au bout de plus de 15 minutes, les pompiers arrivent. Tu es encore attaché avec la ceinture de sécurité et tu es dans mes bras, inconscient. Avec toutes les précautions, ils te retirent de la voiture et te montent dans le camion de pompier. Ils t’examinent, tu ne réponds pas , aucun réflexe. Verdict : Tu es dans le coma stade 2. Un hélicoptère va t’emmener en urgence à Garches (30 minutes de trajet). Je demande à rester à tes côtés. Impossible ! Pas de place, je vais devoir finir le trajet en voiture avec Papy et Mamie. On arrivera, plus de trente minutes après toi. Ce trajet sera interminable.

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