48 La première crise

Quand nous sommes arrivés à la maison, tu étais dans le coma, au stade 2. Et puis un évènement a tout fait basculer. L’infirmière du laboratoire, de notre lieu d’habitation, est venue pour te faire un bilan sanguin, le jeudi 21 juin. En voulant te piquer à la veine, (pensant que tu ne sentirais rien, je ne t'avais pas mis de patch), l’infirmière t'a provoqué un choc qui t'a réveillé et passé dans le coma, stade 1. Cela remettait tout en question. Un espoir inespéré s’ouvrait tout à coup. Nous avons appelé Paris pour leur faire part de ton évolution. Ils commençaient alors à parler de retour sur Paris, de reprendre éventuellement la chimio. Nous étions tout d’un coup désorientés. Un mélange de sentiments nous traversait l’esprit. Et puis, nous nous disions que nous n’allions pas prendre le risque de refaire 500km en ambulance sans être certain que tu tiendrais sur le trajet. Nous avions eu tellement de difficultés pour te ramener. Alors, nous avons préféré attendre pour voir comment tu évoluerais. Ton état est resté stationnaire jusqu’au vendredi 29 juin. Mais, lorsque le médecin t’a examiné, il nous a dit qu’il n’y avait aucun signe d’amélioration et que ce n’était pas la peine de te ramener à Paris. Nous étions partagés entre Paris et les médecins d’ici. Mais les médecins de Paris ne t’avaient pas revu et ne pouvaient donc se baser uniquement sur nos dires. Ce jour-là, tu as fait deux crises de tachycardie, nous avions pu nous en rendre compte car tu étais relié à un appareil qui mesure les battements du cœur ainsi que la respiration. Tu es monté jusqu’à 140 pulsations minute. Tu en as fait une, vers 14h puis, une autre, vers 17h. C’est très angoissant d’assister à ce genre de crise. On se sent tellement impuissant. Je me souviens que, intérieurement, je pleurai, je souffrais de te voir ainsi, et pour ne pas te transmettre mon angoisse, je te massais les paupières pour te détendre (C’est le médecin qui nous avait dit de faire cela). La première crise a duré 10 minutes mais, la seconde a duré 30 minutes. Oui, trente minutes interminables. Mais la crise a fini par passer et ton rythme cardiaque est revenu à la normale (70 pulsations minute).

Le kiné est passé dans l’après-midi, comme chaque jour, mais il n’a rien pu faire, il a essayé de te masser pour te dégager les bronches, mais tu étais trop épuisé pour affronter ce massage. Et puis le médecin est arrivé vers 16h. Mais voilà, à trop tarder, il n’a pas pu constater la crise, mais en prenant ta tension, il s’est quand même rendu compte que tu avais encore fait une crise. Alors il a demandé aux infirmières de passer deux heures plus tôt que d’habitude pour t'administrer tes traitements. Hé bien, imaginez la réaction des infirmières à notre appel. Nous les dérangions dans leur emploi du temps. Je n’arrivais pas à le croire. Elles nous ont demandé si ça ne pouvait pas attendre 18h. Il faut vraiment le vivre pour le croire. Après 30 minutes, enfin !, une des infirmières est arrivée pour faire le nécessaire, mais non sans nous dire : "ça commence à devenir ingérable, pourquoi vous ne le mettez pas à l’hôpital ?" J’étais abasourdie ! Le soir, nous avons pris de nouvelles dispositions. Craignant que Damien ne passe pas la nuit et que l’on ne s’en rende pas compte, nous avons décidé de le prendre dans notre lit. C’était super ! Enfin, je le retrouvais, tout contre moi, je l’avais réchauffé et j’entendais battre son cœur. Il avait mis sa petite tête tout contre moi. On était joue contre joue. Un vrai bonheur !

Haut de page