4 L'opération

Tu détestais le téléphone, il a fallu connaître l’hospitalisation pour qu’enfin, tu acceptes cet appareil. C’était le seul moyen que tu avais pour avoir des contacts avec l’extérieur. Alors, pas le choix, tu as dû te résoudre à l’utiliser et en abuser. Arrive ce jour temps attendu et tant redouté : le 25 mai 2004. Ton père choisit d’assister à la toilette du matin, à la préparation pour l’opération et t’accompagne jusqu’à l’entrée du bloc. Moi ,c’est au-dessus de mes forces. Je suis trop inquiète et je ne veux pas te transmettre mon angoisse. Alors je reste au logement et je ne viens qu’en fin de matinée à l’hôpital rejoindre ton père. Je préfère te quitter le soir la plus sereine possible même si au fond de moi c’était un déchirement. Je me demandais comment j’allais te retrouver : Passerais-tu l’opération avec succès ? L’opération aura duré plus de 7 heures, de longues heures interminables à attendre sur cette pelouse, devant l’hôpital. Puis, vers 15h30, on nous appelle sur le portable. On va pouvoir venir te voir. Tu es en réanimation dans un service où les temps de visites sont comptés (13h-19h). Et là, c’est le choc ! Tu es intubé, plein de tuyaux partout et attaché aux 4 membres. Plus rien ne fonctionne correctement ; tu ne maîtrises plus tes muscles, tu es complètement désarticulé. Tu ne vois plus, tu ne prononces que quelques mots puis, plus rien. Tu cries, tu ne comprends pas ce qui t’arrive dès qu’on t’enlève l’intubation. Tu ne reparleras plus, jusqu’au 12 juillet 2004. (Ton 1er mot sera le prénom de ta sœur : AMELIE.) On apprendra plus tard quand tu pourras de nouveau communiquer que tu voyais non seulement double mais en même temps trouble. Ils ont chahuté le cervelet et les dégâts étaient bien là. Le professeur nous disait pour nous rassurer que ça ne durerait que quelques jours mais cela a duré des mois. Après 10 jours dans ce service, on te redescend en oncologie. L’équipe est surprise comme démunie. Ils avaient emmené un petit garçon 10 jours plus tôt pour une opération et il retrouve un enfant anéanti. Les infirmières pleurent, elles sont anéanties, personne ne savait ce qui t’était arrivé. Et nous, on est effondré, que t'ont-ils fait ? Où est mon petit garçon ? On est obligé de te laisser dans la pénombre et le calme. Tu ne supportes ni la lumière, ni le bruit.

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