Hier, nous avons pris une grande décision. Nous avons vidé entièrement ta chambre. Non seulement, nous l'avons vidé, mais nous avons décidé de nous y installer. En fait, c'est surtout moi qui voulait. Je ne supportais plus de la voir ainsi sans toi. Nous avons tout déménagé de la nôtre, sauf le bureau. Le lit, la table de nuit, l'armoire, la commode, le portique et le valet : Tout a été démonté puis remonté dans l'après-midi. Cela nous a demandé beaucoup d'effort et de transpiration. Les courbatures et la fatigue se sont bien fait sentir. Mais ça en valait la peine ! J'ai refait toute la décoration de notre nouvelle chambre. Je ne la vois plus aujourd'hui comme ta chambre, mais comme notre chambre. Une pièce de la maison parmi tant d'autres. Notre chambre est devenue le bureau et la chambre d'amis. Nous y avons installé le clic-clac qui se trouvait dans la tienne, permettant ainsi de dormir à tes côtés, quand le besoin s'en faisait sentir.
Nous avons passé notre première nuit dans notre nouvelle chambre. Après quelques secondes d'angoisse, l'impression de te voler, de te chasser encore plus, j'ai fini par trouver le sommeil. Maintenant, ça va ! Je suis contente de l'avoir fait. Il le fallait, on ne pouvait pas continuer à éviter cette pièce, et à tant souffrir de la voir et de la savoir inoccupée. Demander aux autres d'y dormir, en s'en servant comme chambre d'amis, était aussi très difficile. Alors, nous avons choisi, ce qui nous paraissait le plus juste.
La seule chose que j'y ai conservé, c'est ta collection de peluches (voir la photo). Nous avons aussi laissé ton luminaire d'avion et ta collection d'hélicoptères sur l'étagère rouge, en forme d'avion, dont j'avais mis une photo sur le blog en billet N°127.
Nous avions proposé a ta sœur Amélie de prendre ta chambre pour en faire la sienne, elle a refusé ! Au moins, nous l'avons proposé. Elle ne pourra pas nous le reprocher plus tard. Mais je comprends son refus, cela signifierait tellement ...
Voilà, mon cher Damien, tu me manques de plus en plus. j'ai l'impression qu'il s'est passé une éternité depuis ton décès. Plus les semaines passent et plus je trouve que ça devient difficile, la vie sans toi. Il y a tellement de choses au quotidien qui nous rappellent ce manque et ce vide.
1 De Marie Louise -
C'est un très grand pas en avant, Fabienne, que vous avez fait là, et vous avez très bien fait.
La vie sur terre continue, avec toutes ses contraintes, ses peines, mais aussi ses joies.
Je pense que Damien aurait été heureux de savoir que ses parents occupaient sa chambre. Une chambre vide n'avait pas de sens, sinon remuer davantage la douleur.
Je l'ai pourtant bien connue, cette chambre, c'est là que nous avons commencé à travailler, Damien et moi, et il m'en avait fait tout le tour, il l'aimait, sa chambre...
Aujourd'hui, elle est complètement changée, elle revit et l'âme de Damien s'en trouve soulagée. Car il est là, toujours là dans votre coeur, et c'est cela qui compte.
Et certainement que cette décision a énormément plu à Amélie, même si elle ne dit rien, ses parents sont plus près de sa chambre à elle...
Bravo pour votre courage
MLouise
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2 De Cecile -
C'est une étape importante .... pour nous aussi, il n'était pas concevable de transformer la chambre d'Alexandre en un musée, alors elle était devenue une salle de jeux pour les enfants ... puis, plus tard, la chambre des jumeaux (quand nous avons été prêts à voir quelqu'un d'autre en prendre possession)
Je ne crois pas que Damien ait été "chassé", bien au contraire, tu es, d'une certaine façon, plus proche de lui .... si c'était possible ....
3 De Joëlle -
Quelle bonne décision, c'est aussi une façon d'être plus proche de Damien et surtout le fait que cette chambre soit à nouveau occupée va lui enlever son statut de pièce à éviter car trop de souvenirs douloureux.
Je trouve que c'est une action très positive.
Bravo à toi,
Joëlle
4 De Ingrid,la maman d'Eva -
encore une étape de plus , quelle magnifique idée que de vous etre appropriez la chambre de votre bébé .
ce n'est pas le chassé , c'est lui montrer que vous l'aimez.
plus le temps passe et plus l'absence est difficile ......... je crois que à partir d'un certain moment on sait qu'il ne reviendra plus ( même si on le savait déjà...c'est compliqué ce que j essaie de dire) et c'est pour cela que ça fait encore plus mal , la vérité est là , chaque jour un peu plus.
en pensée avec toi
ingrid
5 De Giselle -
Bonjour Fabienne,
Un pas important, une étape décisive. Et on avance ainsi cahin-caha avec nos peines, nos chagrins, nos souvenirs et nos joies et petits bonheurs au quotidien qu'on redécouvre aussi ..
Aussi les phrases telles que "avec le temps, cela ira mieux, cela passera, il faut faire votre deuil, .." (expression o combien massacrante et galvaudée, à la mode aussi, balancée à tout va ..) mais c'est vous obliger à accepter l'inacceptable - il n'y aura jamais d'acceptation tout au plus une intégration à votre quotidien de cette souffrance, de cette blessure, de cette douleur au fil des ans .. pourquoi vous interdire quelque part de parler de votre enfant, pas forcément avec tristesse mais avec bonheur, une joie certes teintée d'émotion intense, de mélancolie, d'essayer de le faire revivre, d'une manière ou d'une autre en marquant son anniversaire, Noël etc. ?
Tous ces moyens soulignent cet effort d'intégration et la continuité de sa présence "dans l'absence" au sein de la famille.
Il n'y a pas de recette "temps" non plus - rien n'est vendu en supermarché .. la douleur peut changer, prendre d'autres couleurs ou visages avec le temps, voire s'intensifier - il en va du chagrin et de la douleur comme de tous les sentiments certainement - elle peut se positiver, permettre une évolution personnelle, une ouverture sur un autre chemin de vie, la reconstruction ou la construction d'autre chose mais disparaître, jamais.
Un enfant comme tout être humain est unique, rien ni personne ne le remplacera, pas un autre enfant ni d'autres enfants ..
Laisser du temps au temps, nous ne le dirons jamais assez .. si nul, si stupide, si idiot, si galvaudé que cela puisse paraître .. les heures, les jours, les semaines, les mois, les ans ...
et si le temps n'arrangeait strictement rien, comme l'a dit si justement Stendhal "ce n'est pas le temps qui soigne, c'est l'amour .." ?
le chagrin ne se mesure pas sur cette échelle "temps". Un temps qui va à son rythme pour chacun
On dit toujours le travail de deuil, parfois même "luvrage de deuil", une oeuvre, un tableau, une sculpture à finir ?
A partir de matériaux bruts, de matériaux dont on na pas voulu, il faut faire quelque chose. ..
Un nouveau pas vers la sérénité retrouvée ?
Et mille questions qui nous hanteront toute une vie ..
Très sincèrement
Giselle